Tétra [à venir]

Le découpage quaternaire est omniprésent dans tout le récit biblique. Les quatre fleuves du jardin d’Eden, les quatre points cardinaux, les quatre vents… Le chiffre quatre symbolise le monde entier, le cosmos, mais il s’associe également à quatre figures emblématiques du Nouveau Testament : Matthieu, Marc, Luc et Jean. À eux quatre, les évangélistes englobent l’annonce du Salut qui se répand sur la terre entière. 

Dès le cinquième siècle, les évangélistes sont assimilés aux formes allégoriques du Tétramorphe, animal à quatre visages. Il tire son origine d’une vision d’Ézechiel, prophète de l’Ancien Testament, dans laquelle celui-ci voit quatre animaux à quatre figures. Chacun possède une face d’homme, une face de lion, une face de bœuf et une face d’aigle. Cette étrange vision se transpose dans l’Apocalypse, lorsque Jean voit quatre êtres vivants ailés aux figures similaires. La tradition identifie alors Matthieu comme l’homme ailé,  Marc comme le lion, Luc comme le taureau et Jean comme l’aigle.  

Ces associations trouvent différentes justifications. Irénée de Lyon, au deuxième siècle, donnera cette explication : « Le premier de ces vivants, est semblable à un lion, ce qui caractérise la puissance, la prééminence et la royauté du Fils de Dieu ; le second est semblable à un jeune taureau, ce qui manifeste sa fonction de sacrificateur et de prêtre ; le troisième a un visage pareil à celui d’un homme, ce qui évoque clairement sa venue humaine ; le quatrième est semblable à un aigle qui vole, ce qui indique le don de l’Esprit volant sur l’Église. » Contre les hérésies, Livre III, 11,8.

L’art sacré prolongera cette association au sein de fresques, peintures, sculptures, ancrant définitivement le Tétramophe dans le programme iconographique chrétien. Tétra s’ancre ainsi dans une longue tradition en représentant chacune de ces figures entourées de six ailes, conformément au texte biblique.